Evolution historique des boisements riverains de la Garonne

Les boisements riverains de la Garonne ont perdu très tôt leur caractère « naturel ». L’homme est intervenu souvent pour essayer de stabiliser les berges par la végétation et plus rarement par des enrochements. Il a favorisé certaines espèces : les ormes au Moyen Âge ge puis les peupliers et les saules. Une étude historique préliminaire montre que, sur une section de 42 km, l’essentiel de la ripisylve garonnaise a été détruit en deux phases distinctes: une première phase vers 1830 (disparition de 598 ha), et une seconde phase dans les années 1970 (disparition de 395 ha). 



Aujourd’hui, il ne reste plus que 221 ha , soit 19 % de la surface de 1810. En d’autres termes, la largeur moyenne de ces boisements spontanés qui était de 277 m en 1810 n’est plus que de 53 m aujourd’hui. 



Ces informations ont été extraites de cartes historiques dont les échelles et les objectifs cartographiques étaient très différents. Il convient donc de comparer ces premiers résultats avec une certaine prudence. Néanmoins, cette séquence cartographique donne pour la première fois une indication quantitative sur l’évolution des surfaces boisées dans la plaine alluviale de la Garonne au cours des deux derniers siècles, et permet de distinguer la ripisylve des plantations de peupliers. Les deux phases de destruction de la ripisylve ont eu des conséquences très différentes. Lors de la première phase, au début du XIXème siècle, les plantations de peupliers se sont substituées à une part importante de la ripisylve mais les aménagements dans le lit du fleuve sont restés très légers. Il n’y a pas eu d’assèchement systématique des bras secondaires et des annexes fluviales. De fait, on constate que la dynamique du fleuve est restée pratiquement intacte entre le milieu du XIXème siècle et le milieu du XXème siècle. Les mécanismes d’érosion et sédimentation ont conservé leur réversibilité, les surfaces d’atterrissements sont restées équivalentes et la largeur moyenne de la ripisylve a fluctué entre 135 et 168 m. En revanche, lors de la seconde phase de destruction de la ripisylve, au cours des dernières décennies du XXème siècle, des aménagements hydrauliques lourds et une exploitation massive de granulats ont brisé la dynamique naturelle du fleuve. Celui-ci coule désormais dans un chenal figé qui s’est incisé verticalement. L’alimentation hydrique des arbres est fortement perturbée en période d’étiage. La destruction de la ripisylve a concerné aussi bien les terrains privés que le domaine public fluvial par suite de fréquentes amodiations. Les boisements spontanés adultes sont aujourd’hui morcelés et apparaissent comme des reliques d’une situation antérieure à la chenalisation. Ils ne représentent plus que 38 % de ce qu’ils étaient en 1945. 
Dans ce nouveau milieu contraignant, les sites de recrutement se limitent aux berges convexes des méandres et à quelques îles sur lesquelles les successions végétales sont interrompues plus souvent que par le passé. 
Les études historiques en cours permettront, entre autres, d’affiner les choix et d’évaluer les conséquences d’une restauration de la dynamique fluviale et d’un espace de liberté pour le fleuve, en fonction des choix de sociétés qui seront faits.

Aucun commentaire: