Présentation du programme de recherche

Le programme de recherche « Eau du territoire et territoire de l'eau : les enjeux liés à la restitution de la dynamique fluviale et des services naturels rendus à la société » a été retenu dans le cadre de l’appel à propositions de recherche (APR) « Science et gouvernance. Programme Eaux & Territoires » lancé par le Ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables (http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/071019_E_T_APR.pdf).

Ce projet, placé sous la responsabilité scientifique de Johannes Steiger – Maître de conférences à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand et membre du laboratoire de recherches GEOLAB – réuni une trentaine de scientifiques, sur une durée de 36 mois, dans le cadre d’un programme fédératif répondant à une demande émanant des acteurs de gestion des cours d’eau Allier (Conservatoire des Espaces et Paysages d’Auvergne, Réserve Naturelle du Val d’Allier) et Garonne (Syndicat Mixte d’Étude et d’Aménagement de la Garonne).

Les attentes des gestionnaires concernent l'évaluation des capacités actuelles de renaturalisation de ces cours d'eau et de maintien de l'intégrité des fonctions et services en fonction des contraintes naturelles et socio-économiques. L'absence totale de connaissances au sujet des capacités de résilience (intensité et vitesse de rétablissement des fonctions et services perdus) de ces systèmes a été soulignée par ces organismes.

Résumé du projet
L’objectif du projet est d’estimer les capacités actuelles des systèmes fluviaux à entretenir leur dynamique et à restituer les services naturels rendus à la société. Ces services ont été altérés à l’issue de la restructuration du territoire fluvial, et notamment à la suite de la régulation des cours d’eau.
Le projet repose sur l’hypothèse que la restauration de ces services, via la restitution d’un certain dynamisme, dépend de la capacité de résilience des écosystèmes - et en particulier de la végétation riveraine qui influence grandement les flux liquides et solides - et de la résilience de notre société en fonction des contraintes, des enjeux et de l’évolution des mentalités.
Afin d’intégrer efficacement les composantes sociétales et naturelles des systèmes fluviaux dans un modèle de fonctionnement unique, et d’évaluer de manière conjointe l’évolution de la relation entre ces deux composantes, notre projet repose sur une approche interdisciplinaire, historique et contemporaine. Il est suggéré qu’au cours de l’Holocène, les variations climatiques, hydrologiques et morphologiques (déplacements des chenaux, édification de la plaine alluviale) ont été des facteurs déterminants pour l’évolution des modèles d’études proposés (Garonne et Allier). Néanmoins, les impacts profonds liés à la société se sont superposés aux facteurs naturels. La prise de conscience de la perte de bénéfices environnementaux, en particulier sur la Garonne, est récente et les remaniements territoriaux nécessaires à leur restauration représentent des enjeux importants.
L’approche historique servira non seulement à comprendre les raisons de la mise en place des contraintes, des enjeux, de la réponse des écosystèmes, mais également, confrontée aux observations contemporaines, à estimer la résilience de ces éco- et anthroposystèmes. L’approche contemporaine permettra de définir les capacités de résilience naturelles (géomorphologiques et écologiques) et sociétales et de proposer un schéma de gestion fondé sur les possibilités d’auto-régulation des systèmes fluviaux considérés, et les enjeux.
Les disciplines sollicitées pour répondre à cette problématique sont notamment : l’histoire, la géographie humaine, la géo-archéologie, la géomorphologie, la paléo-écologie et l’écologie.
Les terrains d’étude, l’Allier et la Garonne, ont été choisis en fonction de leur complémentarité dans la mesure où les deux systèmes fluviaux n’ont pas subi les mêmes impacts anthropiques ni la même intensité d’impacts, et affichent des réponses contrastées. Cette différence permettra d’effectuer des études comparatives et de tester la robustesse et les limites des modèles qui seront développés.
L’Allier présente actuellement une morphodynamique active et la mise en place de la Réserve Naturelle du Val d’Allier depuis 1994 permet de préserver le fonctionnement naturel de cette rivière.
Au contraire, la Garonne moyenne, en aval de Toulouse, s’avère fortement contrainte depuis de nombreux siècles. Les dysfonctionnements perçus récemment ont incité les gestionnaires à envisager une re-dynamisation du fleuve. Cette dernière remet toutefois en cause de nombreux usages traditionnels du territoire, et peut-être, dans une certaine mesure, les modalités de sa gouvernance.

Aucun commentaire: